Les eaux islandaises abritent plus de vingt espèces de mammifères marins, dont certaines ne fréquentent aucune autre région de l’Atlantique Nord à la même fréquence. Malgré des conditions extrêmes, plusieurs de ces espèces ne migrent pas, défiant les schémas habituels des populations de cétacés.
Les réglementations relatives à l’observation et à la protection de ces animaux varient considérablement d’une zone à l’autre, donnant lieu à des pratiques parfois contradictoires. Les professionnels du tourisme doivent composer avec des quotas stricts, tandis que certaines populations locales maintiennent des traditions anciennes liées à ces mammifères.
Les paysages marins d’Islande : un écrin sauvage et préservé
À l’écart des circuits balisés, l’Islande se dresse comme un territoire préservé de l’Europe. Les fjords de l’ouest, encore peu fréquentés, révèlent un patchwork de falaises abruptes, de plages battues par les vents et de promontoires solitaires. Là-bas, la réserve de Hornstrandir protège le rare renard polaire, seul mammifère terrestre originaire du pays. Ici, la nature garde la main, intacte et dominante.
Le trait de côte, tourmenté et découpé, se transforme en refuge pour une faune marine foisonnante. Les péninsules de Vatnsnes et de Snæfellsnes sont des repaires où l’observation des phoques veau-marin et gris prend tout son sens. Sur les rivages d’Ytri Tunga ou d’Ósar, des groupes entiers de phoques s’étalent sur les rochers, imperturbables face au passage du temps.
Du côté est, les lagunes de Jökulsárlón offrent un spectacle contrasté : entre les blocs de glace flottants, la surface de l’eau se brise sous l’apparition fugace d’un phoque, tandis que les sternes arctiques sillonnent l’horizon. Plus au nord, Húsavík et Reykjavik sont devenues des bases reconnues pour partir observer les baleines. Dans ces eaux riches, orques, rorquals communs, baleines de Minke et baleines à bosse s’invitent parfois jusqu’aux abords du port.
Les falaises de Latrabjarg et Hornbjarg vibrent du tumulte des macareux moines. Ces oiseaux, véritables symboles islandais, partagent leurs abris avec phoques et cétacés, tissant une ambiance sonore inimitable. Ces paysages ne réclament rien d’autre que l’attention du visiteur : ici, la faune marine se dévoile sans contrainte, loin du tumulte ordinaire.
Quels mammifères marins peuplent les eaux islandaises ?
Du rivage, ce sont d’abord les phoques veau-marin (Phoca vitulina) et phoques gris (Halichoerus grypus) qui attirent le regard. Ces deux espèces, sédentaires et reproductrices, occupent toute l’année les bancs rocheux de Vatnsnes, Ósar, Ytri Tunga ou Jökulsárlón. D’autres, comme les phoques du Groenland, à capuchon, barbus ou marbrés, croisent plus rarement, leur présence dépendant de la dérive des glaces venues du nord.
En mer, la diversité des cétacés surprend. La baleine de Minke est la plus fréquemment rencontrée, mais l’été voit affluer d’autres mastodontes : rorqual commun, rorqual boréal, baleine à bosse, baleine bleue, cachalot. Les orques, prédateurs redoutés, longent Snæfellsnes et l’ouest, en quête de proies : poissons, phoques, voire jeunes baleines.
Le dauphin à bec blanc et le marsouin n’hésitent pas à s’approcher des côtes, alors que le béluga reste une vision rare. De temps à autre, un morse venu du Groenland ou de Norvège, ou même un ours polaire transporté par une banquise dérivante, témoignent de la rudesse et de l’ouverture de cette mer sur l’Arctique. En coulisses, plancton et krill forment la base alimentaire invisible, indispensable à l’équilibre de cet écosystème.
Rencontres inoubliables : expériences à vivre avec la faune marine
Sur les rivages volcaniques de l’Islande, il suffit parfois d’arriver sur une plage pour que le spectacle commence. À Ytri Tunga ou Jökulsárlón, la silhouette paisible du phoque veau-marin ou du phoque gris apparaît sur les rochers, insensible à la marée. On les distingue sans effort, tant leur curiosité les pousse près du rivage. Plus loin, dans le ressac, le sillage rapide d’un marsouin ou le reflet blanc d’un dauphin à bec blanc peuvent surprendre.
Sur l’eau, la dimension change. Voici quelques expériences marquantes à vivre pour s’immerger dans la faune islandaise :
- Depuis Húsavík ou Reykjavik, les croisières d’observation des baleines permettent d’assister au souffle puissant du rorqual commun, au saut d’une baleine à bosse ou à la discrète présence du rorqual boréal.
- Sur la péninsule de Snæfellsnes, les orques offrent des scènes saisissantes : dos noir fendant la surface, nageoire dorsale imposante, chasse orchestrée en groupe.
La terre offre elle aussi son lot de surprises. À Hornstrandir, le renard polaire surgit parfois, ombre furtive sur la mousse. Le macareux moine, icône locale, peuple Latrabjarg ou les îles Vestmann. Son bec vif, ses colonies bruyantes, impressionnent tout autant que les migrations spectaculaires des sternes arctiques, fidèles à un périple de 80 000 kilomètres.
L’Islande se distingue par la spontanéité de sa faune. Entre fjords, plages et caps, chaque rencontre laisse une empreinte unique, portée par la lumière du nord et la force brute du paysage.
Plongée, croisières et observation : explorer la nature islandaise autrement
Découvrir l’Islande, c’est accepter de se confronter à ses contrastes. L’eau, tour à tour limpide, sombre ou voilée de brume, attire les regards et donne naissance à des expériences inédites. Les passionnés de plongée connaissent la faille de Silfra, un site unique où l’on évolue entre deux continents dans une eau d’une limpidité exceptionnelle. Au cœur du parc national de Thingvellir, la visibilité atteint parfois 100 mètres, la lumière découpe les formes et le silence s’impose. Avec une combinaison étanche, flotter entre deux plaques tectoniques procure un sentiment rare, à mille lieues des clichés sur la plongée nordique.
Pour observer les mammifères marins, les croisières au départ d’Húsavík ou de Reykjavik offrent des moments privilégiés. Le whale watching s’y est affirmé comme une alternative responsable à la chasse. En quelques heures, il n’est pas rare d’apercevoir le souffle d’un rorqual, la nageoire d’une baleine de Minke, ou le dos sombre d’une orque dans la lumière rasante. Sur la péninsule de Snæfellsnes, les épaulards inspirent le respect par leurs déplacements synchronisés.
Les côtes de Vatnsnes, Jökulsárlón, Ósar ou Ytri Tunga sont idéales pour ceux qui préfèrent la patience à la précipitation. Il suffit parfois d’une paire de jumelles, ou simplement d’un regard attentif, pour surprendre un phoque veau-marin ou un phoque gris, en pleine chasse ou au repos. Ces plages deviennent alors des observatoires privilégiés, suspendus entre la terre et l’océan.
L’Islande ne se laisse pas conquérir d’un regard. Ici, chaque sortie au grand air est une promesse de découverte, un pas de plus vers la compréhension intime d’une nature inflexible et généreuse. Qui sait, au détour d’un fjord ou d’une plage battue par le vent, quelle rencontre inattendue vous attend ?


